Dossier «L'Affaire du RER D» — Le Monde | ![]() | ![]() |
Voici les principaux extraits de l'entretien télévisé de M. Chirac, le 14 juillet.
réformes prioritaires. Nous avons un grand chantier de réformes qui est l'éducation nationale. Et nous avons un vrai problème, qui est d'adapter l'Etat à ses responsabilités de demain. Il n'y a pas de société sans un Etat fort. Mais un Etat fort ne veut pas dire un Etat impotent, et parfois il l'est.
Il y a un nombre croissant de Français qui se sentent abandonnés et un nombre croissant de Français qui travaillent qui ont le sentiment de payer toujours plus pour des gens qui ne travaillent pas. Tout cela crée des ambiguïtés malsaines. C'est une méthode qu'il faut changer. D'où la nécessité, c'est l'esprit du plan de cohésion sociale, de la notion de contrat. On a des droits et on a des devoirs : il faut respecter les uns et les autres. On ne peut pas se contenter, comme on l'a fait trop longtemps, d'une politique de guichet. Il faut une politique d'accompagnement. C'est tout le projet de contrat d'activité. Naturellement, on ne peut pas accepter qu'un chômeur refuse éternellement un emploi. C'est un problème qu'il va falloir rediscuter entre les partenaires sociaux pour ne pas se trouver dans des situations qui sont des situations d'abus.
C'est une affaire regrettable à tous égards. Mais je ne regrette pas. Nous sommes dans une période où les manifestations d'ordre raciste, qu'elles mettent en cause nos compatriotes juifs ou musulmans ou d'autres, tout simplement parfois des Français dans certains endroits, sont l'objet d'agressions au seul motif qu'ils n'appartiennent pas à telle ou telle communauté ou qu'ils ne sont pas originaires de telle ou telle communauté. C'est inacceptable. Ce qui veut dire qu'il faut vigilance et mobilisation. Dans ces périodes, il peut y avoir naturellement des situations de manipulation qui sont, je dirais, les séquelles de ce mauvais climat. Quand il y a manipulation, il faut tout simplement que le manipulateur soit sanctionné.
Le gouvernement va élaborer une grande loi de programmation. Parmi les premières exigences de cette loi, je souhaite qu'il y ait la revalorisation de l'éducation civique. Car l'ambiance que nous évoquions montre bien qu'il y a un grand problème, et ce problème doit se traiter d'abord à l'école, chez les enfants, pour leur expliquer qu'ils sont tous égaux en droits et en devoirs, et qu'ils doivent tous se respecter.
L'une des raisons de ce chômage, c'est l'absence de croissance. Aujourd'hui, la croissance repart. Cela permettra, sans aucun doute, une amélioration de la situation de l'emploi.
Pour ma part, je n'étais pas favorable à la loi des 35 heures dans la mesure où elle était autoritaire et uniforme. Je demande au gouvernement d'engager avec les partenaires sociaux les concertations dans le respect de trois principes. Le premier principe, c'est que la durée légale du travail est et restera de 35 heures. Droit acquis. Le deuxième, c'est qu'il faut plus de liberté pour les travailleurs et notamment pour ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus et plus de liberté pour les entreprises afin de mieux s'adapter aux marchés et aux développements. Donc il faut de nouveaux assouplissements qui doivent être négociés au niveau de l'entreprise, dans le cadre et dans les limites de la loi et des accords de branche. Troisième principe, les salariés devront y trouver leur compte sur leur feuille de paie.
Nous avons engagé une politique de diminution des charges en général, charges sociales et impôts, notamment sur le revenu. Aujourd'hui, compte tenu de nos contraintes budgétaires, notre priorité, c'est la poursuite de la baisse des charges. Cela imposera une pause d'un an dans la baisse de l'impôt sur le revenu.
Il n'y a pas de différend entre le ministre des finances et moi, pour une raison simple : c'est que, notamment s'agissant de la défense, je décide et il exécute. J'ai examiné moi-même le budget de la défense, en détail, et j'ai pris les décisions après m'être concerté avec le premier ministre, qui lui-même avait entendu le ministre des finances, et ces décisions n'ont pas à être remises en cause. Je ne vois pas pourquoi on fait une polémique qui me paraît beaucoup plus inspirée par des raisons de politique avec un petit "p" que par des raisons d'intérêt général.
Je n'ai pas de problème de relation avec Nicolas Sarkozy, pas plus qu'avec aucun des membres du gouvernement. Je veux simplement vous dire que je ne laisserai pas la polémique conduire à un affaiblissement du gouvernement. J'ai fixé une feuille de route. J'attends de tous les ministres qu'ils l'appliquent sans aucune réserve. Personne n'est obligé d'être ministre. J'entends que chacun exécute.
Je n'ai pas à me mêler du fonctionnement d'un parti politique. Moi, ce qui me concerne, c'est le bon fonctionnement de l'Etat et, donc, du gouvernement. Si vous avez un premier ministre qui a un ministre par ailleurs président du principal parti de la majorité, ça veut dire que vous n'avez plus de premier ministre. On touche là au bon fonctionnement des institutions. Si tel ou tel ministre est élu président de l'UMP, il démissionnera immédiatement ou je mettrai fin à ses fonctions. Ceci dans l'intérêt de nos institutions ; ce n'est pas un problème personnel.
J'entends qu'il soit respecté au sein du gouvernement. Il aura tout mon appui dans l'autorité nécessaire pour avoir un gouvernement qui ne tire pas à hue et à dia. Je ne laisserai pas les ambitions ou les calculs des uns ou des autres venir perturber l'action des trois années à venir. Je m'opposerai à tout ce qui nous ferait retrouver ces logiques politiques avec un petit "p", ces rivalités électoralistes. Chaque chose en son temps : 2007 c'est dans trois ans. Je ne tolérerai pas le moindre écart dans ce domaine.
L'art du juge est un art difficile. La France est fière de sa justice. Ceci étant, comme toute institution humaine, elle peut comporter des dysfonctionnements. Que des gens aient été incarcérés un grand nombre de mois pour être finalement reconnus non coupables, c'est inadmissible. On leur doit une réhabilitation, y compris matérielle, importante. La justice, si elle a fait des erreurs, doit payer elle-même, et cher.
Je crois qu'il ne faut pas mélanger les genres. On a créé le pacs. C'est parfait. A l'expérience, il apparaît que ce pacs pourrait être amélioré et je souhaite qu'on l'améliore. Cela ne doit pas nous conduire à une parodie de mariage.
Cette Constitution est le fruit d'un effort poursuivi par tous les chefs d'Etat et de gouvernement français, sans déviation, depuis cinquante ans. Depuis le général de Gaulle et Konrad Adenauer jusqu'à moi, sans exception. Nous arrivons au terme, avec une double réforme, considérable : élargissement de l'Europe et une nouvelle règle du jeu pour adapter à l'élargissement le fonctionnement de nos institutions. C'est la Constitution. Ce texte est un bon texte. Les Français sont directement concernés et ils seront directement consultés. Il y aura un référendum qui se déroulera, en toute hypothèse, l'année prochaine, dans la deuxième partie de l'année. Je ne crois pas qu'un responsable politique digne de ce nom puisse sérieusement contester le caractère positif de ce traité constitutionnel.
C'est une réforme tout à fait capitale. Ce n'est pas un énième plan de redressement comme nous en avons tant connus dans le passé. Sa caractéristique, c'est de modifier les comportements. M. Douste-Blazy a fait une bonne réforme et il l'a bien conduite.
J'ai toujours pensé qu'on apprenait plus dans un regard ou dans une poignée de mains que dans un gros dossier. Les chefs d'Etat et de gouvernement sont obligés d'être de plus en plus à l'extérieur. Je suis probablement l'un de ceux qui voyagent le moins et on me reproche de trop voyager.